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Bruno Pelletier et le Grozorchestre. Vous lisez зa et vous l’imaginez accompagnй d’un big band. Mais c’est juste une blague. Le Grozorchestre n’est qu’un trio... Pianiste, contrebassiste, batteur. C’est tout. Car aprиs la grande aventure de Dracula qui a amenй le chanteur а diriger une йquipe imposante, Bruno Pelletier avait envie de simplicitй et de lйgиretй.
« On pensait jouer dans des clubs de jazz, mais le projet suscite beaucoup d’intйrкt et prend une vitesse de croisiиre inattendue. Le but, c’est de s’amuser dans un projet spontanй. Il ne faut pas que зa devienne trop calculй, trop business », raconte l’artiste, enthousiaste а l’idйe de retrouver une libertй proche de celle de ses 14 ans.
Dans ce nouveau spectacle qui sera prйsentй pour la toute premiиre fois le 1er mars а l’Anglicane de Lйvis, le chanteur interprйtera ses chansons rйarrangйes dans des versions jazzy. Il se permettra aussi d’aller piger des piиces dans d’autres rйpertoires, de Jacques Brel а U2 en passant par Raymond Lйvesque. Le spectacle ne sera jamais le mкme d’un soir а l’autre, aussi Bruno Pelletier aura devant lui les paroles des chansons.
« Ce ne sera pas parfait, on va s’amuser de nos erreurs. On sera sur un fil de fer et c’est trиs intйressant. Je me mets un peu en danger et j’aime beaucoup зa parce que c’est moi qui le dйcide. Avoir du courage, c’est faire les choses malgrй nos peurs et lа, je pense que je suis un peu courageux », dit-il.
Ce ne sera quand mкme pas la premiиre fois que Bruno Pelletier fait preuve de courage. Il aurait pu continuer sa carriиre de chanteur populaire sans prendre de risques, en continuant de faire ce qui l’a menй au succиs. Mais non. Le parcours de Bruno Pelletier n’est pas linйaire. Artiste solo, interprиte de comйdies musicales, acteur dans Omerta, il s’est aussi risquй а chanter avec un orchestre symphonique et s’est lancй dans la direction artistique de Dracula, un drame musical dont le potentiel commercial йtait loin d’кtre assurй. Et puis un drame dans lequel il tient un rфle а mille lieues de son image. Aujourd’hui, Pelletier flirte avec le jazz.
« Essai, erreur : c’est mon leitmotiv. C’est ce qui fait qu’un artiste йvolue. J’aime trop d’affaires diffйrentes pour faire toujours la mкme chose. J’aimerais beaucoup faire du thйвtre, mкme si j’йtais pourri. Je pense que quand tu as du plaisir et que tu as le courage d’essayer, les gens ont autant de plaisir que toi. »
Le plaisir avant l’image
А considйrer son parcours et а l’entendre dire qu’il caresse un autre projet de musical, plus underground, on pourrait facilement songer que Bruno Pelletier cherche а fuir son йtiquette de chanteur populaire. Pourtant, il n’a pas cette volontй. Il semble davantage attachй а son plaisir qu’а son image.
« Chaque artiste qui vit un moment de grand succиs a deux choix : continuer de faire ce pourquoi on l’a aimй ou explorer. J’explore, je me place lа oщ on ne m’attend pas, mais ce n’est pas pour tourner le dos au public. J’espиre toujours qu’il me suive ! »
Dans son nouveau spectacle, avec une atmosphиre plus feutrйe, il faut s’attendre а dйcouvrir la voix de Bruno Pelletier comme on ne l’a jamais entendue.
« А 20 ans, je chantais fort, je voulais dйfoncer des portes. C’est cohйrent, j’йtais en synchro avec moi : je voulais me faire une place et j’arrivais en lion. J’ai 44 ans, je suis plus zen, j’ai eu des blessures de vie qui font que l’interprйtation change et j’ai aussi eu des blessures aux cordes vocales. Alors la douceur, c’est en synchro avec ce que je suis maintenant », explique-t-il.
La tournйe avec le Grozorchestre pourrait durer trois mois comme six ou davantage. Bruno Pelletier se laisse toutes les libertйs. Mкme celle de faire un disque avec son nouveau groupe. Mais pas forcйment. Parce que le projet disque est quelque chose de trиs flou а ce moment-ci.
« Je n’ai pas mis une croix sur faire des disques, mais je ne vais pas en faire un juste pour en faire un. J’ai envie que ce soit bon, mais lа je ne sais pas quoi proposer. Certains artistes ont toujours besoin d’кtre sous les feux des projecteurs, moi, j’ai besoin d’кtre actif. »
Or, l’activitй ne manque pas. Car Bruno Pelletier n’a pas encore tournй la page sur Dracula, qu’il emmиne а Lyon au printemps avec l’espoir de vendre le spectacle ailleurs en Europe.