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Mohammed, chasse Poutine ! 23-08-2012 02:01 к комментариям - к полной версии - понравилось!


Я перевела на французский пост "Мухаммед, Путина прогони!" из блога Аркадия Бабченко  и выложила его, либо ссылку на него там где французские медиа говорили об этом событии. А также в Livejournal'e и Facebook'e. Кроме того, что этот пост ценен как свидетельство очевидца, он ещё отличается прекрасным литературным стилем и ярко выраженной гражданской позицией


Journal d’Arkadiï Babtchenko 18.08.2012

Mohammed, chasse Poutine !

 Traduit du russe par Elena Roumilhac

 

Toute l’absurdité de cette situation est sans aucun doute résumée sur cette photo.

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Elle est déjà propriété publique, je n’en connais pas l’auteur, mais dès que son nom sera connu je mettrai un copyright.   

Comme j’étais sur les lieux, à peine à un mètre, dans de l’axe de l’action, j’ai tout vu de mes propres yeux du début à la fin.
Cette gamine, Tatiana Romanova, la même qu’un illuminé orthodoxe avait frappé au  visage à coté du tribunal de district de Taganskii, a escaladé le mât sur lequel sont installées des caméras de surveillance près de l’ambassade de Turquie. 
Elle y est restée assez longtemps, environ une heure. Elle scandait des slogans. Certains destinés exclusivement aux flics : « C’est combien pour votre conscience ? »  Mais aussi les classiques : « La Liberté pour Pussy Riot », « N’oublions pas, ne pardonnons pas » et cætera.

Bref, elle s’éclatait, agitait son écharpe; ensuite on lui a passé une cagoule et une pancarte.

A propos, c’est son anniversaire aujourd’hui.

Et non, elle ne boit pas.
Les flics l’ont écouté en parlant entre eux, du genre « on va la faire dégringoler, cette idiote », sans rien entreprendre. Ils se sont mis à bouger seulement au bout d’une heure, comme je l’ai déjà dit.
Si j’ai bien compris, c’était l’initiative locale. Pourquoi ?  Vous aller le comprendre.
Un régiment entier a été détaché pour faire descendre cette dangereuse criminelle. Je n’exagère pas – il y avait au moins dix personnes. La foule était assez dense – aujourd’hui il y avait vraiment beaucoup de monde,  presque deux milles personnes. Les gens ont décidé de faire un large cercle autour du mat, pour empêcher les flics de s’en approcher.  Bien entendu les flics leur ont donné des belles br****es, les ont embarqué et enfermé dans les fourgons. Et ensuite ?
La fille se tient sur un mât plutôt léger, qui ne supportera pas le poids du régiment de flics. Ils n’ont pas d’échelle et n’ont aucune idée comment la faire descendre. Cependant elle crie des slogans anti-Poutine. Elle tient sa pancarte. Elle porte la cagoule. Comment agir face à la libre pensée et l’hérésie ? Qui l’a permis ? 

Bref, deux malabars commencent à grimper sur le mur qui protège le territoire de l’ambassade de Turquie. Tatiana n’a pas laissé faire et a sauté sur le mur de l’ambassade sur lequel elle s’est avancée passant ainsi sur le territoire d’un Etat étranger.
Mais les malabars sont déjà dans le feu de l’action, ils se foutent des conséquences. Sur la photo ils sont déjà en Turquie. Ils voient leur proie, ils crèvent d’envie de lui donner des belles raclées, ils grimpent pour l’attraper. Tatiana saute sur le territoire d’un Etat souverain.  Deux flics sautent aussi, la capturent et lui mettent les mains derrière le dos.

Mais ensuite ?

Le grillage est haut de trois mètres, il est sur et certains qu’ils n’arriveront pas à la jeter par-dessus, cependant ils ne sont plus du tout en Russie. Autour d’eux s’étend le territoire d’un Etat membre d’OTAN
La suite, il fallait l’entendre. C’était une explosion. Le cri dominant était : « Que faites vous, abroutis ! Vous aller provoquer la guerre avec la Turquie !!! »
Le chef de ces deux couillons est arrivé en courant. Un major tout à fait normal, il faut le dire. Il s’est mis à hurler : « Qu’est-ce que vous faites, espèces de couillons. Laissez la tomber, b****l de m***e, sortez de là ! Je vais vous tuer, bande de pédés !!! »

Mais les malabares s’en foutent complètement : ils ont leur proie et ils la trainent quelque part à l’intérieur. Où ? Ils ne le savaient pas, j’en suis sûr. Ils étaient guidés par leur instinct – on l’attrape - on l’amène dans un coin sombre où on lui colle une belle rouste, et ensuite tout finira par se régler d’une façon où d’une autre.

Donc, ils se sont disparus. Pendant cinq à dix minutes on n’entendait plus aucun bruit.

Tout le monde réfléchissait à la situation. Absolument tout le monde. La rue était plongée dans le silence. Imaginez seulement : des forces de l’ordre de la Fédération de la Russie ont pénétrées sur le territoire d’un Etat souverain, membre de lOrganisation du traité de l'Atlantique Nord et y ont effectué une opération policière sans aucune autorisation ni permission.

 Les Britanniques n’arrivent pas à faire sortir Assange depuis un mois et demi, tandis qu’ici – boums-boums, et deux flics armés sont en train de coffrer quelqu’un dans l’Ambassade de Turquie.

Il fallait voir les gueules des chefs de la police et du FSB.  Ils avaient vraiment peur, ça se lisait sur leurs faces de vipères. Putain, qu’est-ce qui va se passer ? 

Ensuite la rue s’est mise à hurler : « La Turquie refuse d’extrader Tatiana Romanov !!! »

Vous connaissez sans doute ce moment gênant quand la situation se renverse et les oppresseurs se transforment de loups en lapins. Ces sacrés flics bandar-logs… Il fallait les voir…       
A ce moment un autre citoyen a essayé de pénétrer en Turquie. Il a failli réussir, mais les flics au dernier moment l’ont attrapé par la jambe et l’ont tiré en Russie. Ils étaient tellement désorientés qu’ils ont même oublié de le tabasser, ils l’ont mis dans le fourgon tel qu’il était – non-tabassé et l’ont emmené.

Pendant ce temps la rue explosait. La foule commençait à pousser les barrières. Quant aux flics, ils sentaient que l’avantage moral n’était plus de leur coté. C’est alors qu’un employé de l’ambassade de la Turquie a fait son apparition derrière la grille. Il a souri et fait un signe de la main. Tout le monde a applaudit et crié « Mohammed, chasse Poutine ! »
Cette absurdité a duré environ une heure. Ensuite nous avons appris que les Turcs n’ont pas donné Tatiana aux flics, ils l’ont fait sortir par une autre porte. L’ambassadrice lui a offert une tasse de thé. Ce que Tatiana elle-même a mis sur son Tweeter. D’ailleurs, nos flics à nous n’ont pas non plus été fusillés pour espionnage, on les a laissé sortir.

Ce que j’écris en ce moment est absolument sérieux. Ce n’est ni du surréalisme, ni une histoire, ni une opérette bon marché, ni les délires cocaïne de Lewis Carol. C’est la réalité d’aujourd’hui de notre pays. J’ai observé tous ce que je vous raconte à la distance de cinquante centimètres. Et j’étais scié exactement comme vous en ce moment. Je suis en train d’écrire mais je n’arrive toujours pas à réaliser : comment un pays en quelques années arrive à ce grotesque – poursuivre les filles en bonnets rouges jusque dans les ambassades des pays étrangères.    
[…]
Environs deux heures plus tard j’ai croisé le major, le chef des malabars – il est pas mal ce mec, tout à fait normal.

-          Alors, - lui ai-je demandé. – Est-ce que les vôtres sont sortis ?

-          Ça va, - m’a-t-il répondu. – Depuis le mois de mars les visas entre la Turquie et la Russie sont abolis. On a eu de la chance.

Et il a continué son chemin.

Par contre les filles elles sont en tôle. Elles ont écopé deux ans en vertu de décisions d’un concile de Laodicée du quatrième siècle. Voilà quel est notre pays aujourd’hui.

 

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