• Авторизация


PORTRAIT OFFICIEL DU PRESIDENT NICOLAS SARKOZY 19-01-2011 11:54 к комментариям - к полной версии - понравилось!


[243x360]
 

Le portrait officiel du Président de la République est, à n’en pas douter, une des photographies les plus diffusées en France. Destinée à être accrochée dans tous les bâtiments publics (préfectures, mairies, écoles, etc.), elle est aujourd’hui facilement accessible sur le site internet de la Présidence . Chaque président nouvellement élu porte un soin particulier au choix du décor dans lequel il posera et du photographe qui l’immortalisera. Aux jardins de l’Elysée où s’était fait photographier Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy a préféré la bibliothèque du palais présidentiel ; à la différence de ses trois derniers prédécesseurs qui avaient fait appel à des photographes reconnus , il a réitéré sa confiance à Philippe Warrin de l’agence de presse SIPA, connu pour ses clichés de personnalités « people » . En nous concentrant sur les détails de ce portrait réalisé dans l’urgence, nous tenterons de montrer, à l’instar de nombre de ses commentateurs, en quoi il est un acte symbolique manqué .


A tout seigneur, tout honneur ! Même s’il n’est pas au premier plan, intéressons-nous avant tout au Président de la République.
Nicolas Sarkozy est photographié en demi-grandeur . A la différence de Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981) et François Mitterrand (1981-1995), il ne rompt pas de ce point de vue avec la tradition inaugurée par Adolphe Thiers (1871-1873 ). L’orientation de trois quarts qu’il a choisie renvoie à nombre de portraits de souverains et de ses prédécesseurs . Nous constatons donc que le Président respecte les canons du genre . Il se permet toutefois une note de fantaisie : une chemise à rayures bleues et blanches qui provoque un contraste de couleurs d’autant plus malheureux que le bleu de la chemise n’est celui d’aucun des drapeaux auprès desquels il se tient . Nicolas Sarkozy aurait-il voulu se distinguer comme l’avait fait Jacques Chirac, dont la chemise bleu pâle était en parfaite harmonie avec le ciel ?
Droit comme un i – à la différence de Jacques Chirac dont la légère inclinaison vers l’avant donnait un sentiment d’énergie –, Nicolas Sarkozy est ici figé . La posture raide, voire rigide, qu’il adopte ici tranche avec l’image de l’homme politique hyperactif et pressé qu’il avait toujours donnée jusqu’alors . Au risque de se dénaturer, peut-être a-t-il voulu montrer (sinon démontrer) qu’il pouvait faire preuve du calme nécessaire à l’exercice de ses nouvelles fonctions .
C’est précisément l’apaisement qui se lit sur le visage étonnamment lissé du Président de la République. Une rapide comparaison avec des photos prises au début de l’année 2007 suffira à nous convaincre que le visage a été ici retouché pour faire disparaître pattes d’oie et rides du front . Nous sommes en droit de nous demander si Nicolas Sarkozy a souhaité ainsi insister sur le fait qu’il est le plus jeune Président de la Vème République. Ou si le photographe a été victime de déformation professionnelle . Quoi qu’il en soit, ce dernier n’aura pas su effacer la tache jaune qui couvre la moitié gauche du visage de son sujet et qui lui donne un teint cireux, celui d’un homme en mauvaise santé. Nicolas Sarkozy esquisse un léger sourire . Mais, à la différence de celui dont jouent ces deux précédents devanciers, le sien est travaillé et donc artificiel . Ce détail contribue à renforcer l’impression que ce portrait trahit la personnalité d’un homme politique que les Français connaissent depuis longtemps .
Nous noterons également l’importance discrète accordée à l’alliance que porte le Président de la République . Remplacé dans son contexte , ce détail, prend toute sa dimension. Nous nous souviendrons qu’a cours du printemps 2007 les media, dont le candidat Sarkozy s’était tant servi, s’intéressaient contre son gré à sa vie privée .
Le Président de la République est entouré d’un halo de lumière. Si l’éclairage était plus naturel – dans sa partie ovale, ce halo a une forme ovoïde, ce qui donne à penser qu’un spot dirigé vers le plafond a été placé sur le sol derrière le sujet ou qu’il est éclairé de face par un spot ovale – le procédé classique qui sert à attirer l’attention sur le personnage principal d’un tableau semblerait moins grossier et montrerait plus subtilement que le chef de l’Etat n’appartient plus au commun des mortels .

Les détails que nous avons discernés sur la personne même du chef de l’Etat français ne sont pas les seuls à nourrir une impression d’inadéquation du portrait à la réalité . Les deux éléments du décor – les drapeaux dont nous pouvons nous demander pourquoi ils se trouvent dans la bibliothèque présidentielle – y participent aussi
La moitié gauche de la photographie (à la droite de Nicolas Sarkozy qui en occupe le centre) est largement occupée par deux drapeaux placés au premier plan . Les couleurs de la République française et de l’Union Européenne s’étirent sur toute la hauteur de la photographie. Nous sommes donc en droit de nous demander qui est le sujet principal de la composition . Ce portrait officiel tranche avec la tradition établie. En effet, seuls deux Présidents de la République ont, avant Nicolas Sarkozy, utilisé le tricolore français : Valéry Giscard d’Estaing puis Jacques Chirac. Si la place qu’il occupait sur chacune de ces deux photographes est très différente – sur le portrait de 1974, il couvrait tout le second plan ; sur celui de 1995, ses couleurs certainement intensifiées flottaient en arrière plan sur le toit du Palais de l’Elysée – le drapeau français y était en mouvement . Tel n’est pas le cas sur la photographie de 2007 où il est aussi rigide que le Président de la République. Nous les dirions presque en berne. La présence du drapeau européen, de la même taille que le tricolore français et tout aussi lourd (ce qui n’est pas sans rappeler les drapeaux des Etats-Unis, un pays que Nicolas Sarkozy admire ), est quant à elle une réelle innovation . Il est probable que Nicolas Sarkozy a souhaité insister sur ses convictions européennes et sur la place que tient la France au sein de l’Union Européenne . Ainsi que nous l’avons déjà laissé entendre, ces deux drapeaux sont presque imperceptiblement placés au premier plan. De là à dire que Nicolas Sarkozy, par ailleurs nettement plus petit que les drapeaux, suggère ainsi à qui prêterait attention à ce détail qu’il est au service de la France et de l’Europe communautaire, il n’y a qu’un pas facile à franchir .
Après la rupture imposée par son prédécesseur immédiat, Nicolas Sarkozy renoue avec la tradition instaurée par le général de Gaulle en 1958/59 : il a choisi de se faire photographier dans la bibliothèque de l’Elysée. Au dernier plan, notre regard est immédiatement attiré par le livre qui se trouve à la hauteur de la tête du Président de la République. (Quelques mesures nous persuadent qu’il a certainement servi au cadrage de la photographie diffusée à la presse. En largeur, il se situe au milieu ; en hauteur, il sépare la photographie en un tiers deux tiers .) Comme le montrent d’autres photographies prises dans la bibliothèque du palais présidentiel , ce livre dont la couverture en cuir est gaufrée d’une couronne de laurier et d’une croix, semble-t-il de Lorraine , dorées n’a pas été placé dans cette position pour les besoins du portrait officiel de Nicolas Sarkozy. Il se trouve au milieu de ce pan de la bibliothèque (en hauteur comme en largeur). Il n’en demeure pas moins que ce livre (ou les deux autres placés de face dans cette partie de la bibliothèque) n’apparaît pas sur les photos de Charles de Gaulle, Georges Pompidou et François Mitterrand. Deux hypothèses s’offrent alors à nous. Soit le livre a simplement servi de repère. Soit Nicolas Sarkozy a voulu cultiver la comparaison osée que certains font entre Napoléon Ier et lui (la couronne de laurier sur le plat du devant du livre n’est pas s’en rappeler celle que l’empereur portait sur un de ses portraits les plus connus). Si le cadre de la bibliothèque répond parfaitement à la volonté de Nicolas Sarkozy de se présenter ici comme un homme calme , elle n’est certainement pas un lieu très fréquenté par un homme dont la culture et les jugements littéraires sont pour le moins sujets à caution . Ces multiples propos sur La Princesse de Clèves suffiront à nous en convaincre. Par ailleurs, il est une évidence que Nicolas Sarkozy n’a le goût ni de la lecture ni de l’écriture que nourrissaient ses prédécesseurs qui ont choisi de poser dans la bibliothèque élyséenne . Le choix de ce cadre semble donc lui aussi déplacé .


Le portrait officiel de Nicolas Sarkozy réussit le tour de force d’être à la fois cohérent et incohérent. Les trois plans sont unis par la même rigidité. Mais, le caractère statique de chacune des composantes de la photographie est en contradiction flagrante avec la personnalité du Président de la République et ses promesses électorales. Les trois années qui ont suivi la réalisation de ce portrait viennent de montrer combien l’image que Nicolas Sarkozy y donnait était trompeuse .


 

вверх^ к полной версии понравилось! в evernote


Вы сейчас не можете прокомментировать это сообщение.

Дневник PORTRAIT OFFICIEL DU PRESIDENT NICOLAS SARKOZY | Ksue_G8 - Subject | Лента друзей Ksue_G8 / Полная версия Добавить в друзья Страницы: раньше»